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Balade de décembre
Comme depuis trois jours, cet après-midi de décembre est particulièrement froid et pluvieux. Je décide néanmoins de tenter une balade à pied afin de m'oxygéner un peu. Je marche sous le dôme de mon parapluie. La pluie crépite avec force sur la toile. Au premier carrefour, je décide d'arpenter la rue du souvenir. Comme son nom le laisse suggérer elle passe devant l'ancien cimetière de ma ville. Ici les morts vivent pour une éternité féconde, celle de dormir jusqu'à la nuit des temps.
J' empreinte ensuite un sentier piétonnier qui mène vers le château. Les bourrasques de vent cinglent mon visage. L'eau dégorge des bas côtés de la route et s'évanouie en goulus clapotis dans un avaloire de caniveau. J'aborde enfin les bois où j'aime me ressourcer. Les chemins creux bordés de chênes sont gorgés d'eau. Le chuintement des feuilles mortes sous mes semelles trempées rythme mes pas. Je parviens en zone de prairie. Le vent redouble de force et décoiffe les baleines de mon parapluie qui sombre en deux morceaux. Heureusement la pluie vient juste de cesser. Mon regard croise un vieil érable de Montpellier qui, pour me saluer silencieusement, s'ébroue en grosses larmes.
Brusquement les verres de ma paire de lunette s’opacifient sous une couche de buée criblée de gouttelettes. Après un succinct essuyage à l'aide de mon mouchoir je poursuis ma randonnée de ce jour sous une cathédrale de grands chênes qui silencieusement me bénissent d'un trop plein de pluie suspendue en pointes des restes de feuillages. Les volontés du créateur vont à l'encontre de mon souhait immédiat et les débris de mon parapluie m'offrent une piteuse parade face à cette bénédiction forcée.
Au loin, cinq heures trente sonne au clocher de l'église Sainte Bernadette. La nuit gagne à grandes enjambées les restes du jour. Sous l'épaisse couche nuageuse elle dévore littéralement l'horizon qui soudain s'empourpre du dernier rayon d'un soleil peu généreux en cette époque de l'année. Les diodes électroluminescentes des lampadaires blafards ça et là s'allument et ornent la rue de La couronne du lotissement Bois Menu où j'accède pour redescendre vers mon nid familiale.
Une dernière traversée du bois m'accueille en costume de nuit totale. En bout de sentier, dans la plaine de la Font Noire, ma commune apparaît en pollution lumineuse ornée de ses milliers spots de lumière. Je regagne à la hâte la maison pour me réchauffer d'une balade trempée bien de décembre.
Bonne semaine à toute et tous.
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Commentaires
Bonjour,
Merci pour cette poésie du mauvais temps, que je chéris envers et contre tout. Votre coin est paradis terrestre ; toute météo lui sied.
Votre texte nourri de brume et de pluie touche au cœur. C'est là une sensation tiède, comme un retour à la maison après une promenade froide.
Je vous souhaite une bonne journée, bien au chaud entre deux balades.
Geontran.
Bonjour mais que des merveilleuses photos que tu partage avec ces magnifiques poésies un petit coup de coeur sur l'avant dernière bonne journée bisou Claudine Daniel
Bonjour, un texte très poétique, plus que la balade, mais quelle idée de sortir sous la pluie battante ! je te souhaite une bonne soirée, bisous
Une bien jolie promenade ; il est bon de s'oxygéner quel que soit la temps et bon de rentrer au chaud quand on a marché sous la pluie !!! ;-)
tellement bien racontée cette balade, que c'est comme si je t'avais accompagné
bonne soirée au coin du feu bisous à tous les deux Cahline
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Bonsoir Michel, merci pour cette ravissante page, des photos splendides, j'en ai volé deux (mdr). Ton texte est superbe, bravo poète. Dommage que tu te sois trempé, en ce moment la météo est capricieuse, imprévisible. Ici il y a un peu de neige qui tombe la nuit et fond le jour sous le soleil. Demain il devrait y en avoir.
Merci pour cet agréable moment dans ton petit paradis.
Bises de Marie.