• SNCF ou quand le rail déraille

    Voyager en train de Bordeaux à Nice était chose aisée à la fin du XXème siècle. On s’allongeait confortablement sur une banquette lit au départ d’un train de nuit et on se réveillait frais et pimpant à Nice le lendemain matin après avoir été bercé par le roulis ferraillé des rails. De jour, les voitures compartimentées à 6 ou 8 voyageurs et joliment décorées de gravures photographiques , bordées d’un couloir qui permettait de se dégourdir les jambes sans déranger, incitaient spontanément à la conversation entre voyageurs. Les pique-niques arrosés sur serviettes dépliées sur les genoux offraient des échanges de produits sains des terroirs du sud-ouest et provençaux. C’était sans compter sur l’avancée du progrès des vitesses élevées du panier tout TGV de la SNCF. En ce premier quart du XXIème  pour aller de Bordeaux à Nice cette florissante entreprise surendettée vous propose des voyages à rallonge via le nombril Paris de notre beau pays France moyennant monnaie sonnante et trébuchante pour un confort devenu ultra silencieux par écrans connectés USB et une durée de voyage rallongée en vitesse de croisière à 300 kmh via un métropolitain parisien à 30 kmh.

    Si vous osez vous rebeller et persistez à emprunter la voie normale Bordeaux-Nice via la ville rose Toulouse-Matabiau, la galère des retards chroniques vous guettent à chaque arrêts intermédiaires déclinées en longues durées incompréhensives. Lorsque vous abordez la traversée des Corbières entre Carcassonne et Narbonne le département de l’Aude se franchit à la vitesse d’un escargot de Bourgogne en robe petit-gris des Charentes à la recherche de feuilles de vigne greffées sur cannes de Provence. Autrement dit vous n’avancez plus du tout sur une cinquantaine de kilomètres tellement les deux voies sont devenues vétustes faute d’une maintenance d’entretien réduite à presque zéro pointé.

    Rongés de rouille à la base ,les poteaux métalliques supports des câbles d’alimentation de la caténaire sont béquillés jambe de bois en prothèses d’échafaudages recyclés. Les piliers des ponts se déchaussent et les tunnels suintent de stalactites débordantes. Narbonne enfin dépassé le Saint Roch de Montpellier vous bénit d’une nouvelle attente en gare car votre inter-cité doit subir la contrainte technique de la LGV devenue prioritaire sur votre ligne classée seconde catégorie à remiser bientôt au musée du rail de Mulhouse. Enfin parvenu à Marseille moyennant une à deux heures de retard suivant les jours, votre inter-cité totalement disparu des écrans radar, jusqu’ à Nice il vous faudra surfer sur les voies d’un TER tortillard en lieu et place d'un TGV qui vous a pourtant été facturé au départ. Rassurez- vous, la SNCF vous remboursera ultérieurement 25 à 50% de votre billet et le sourire de la promenade des Anglais sera là, à portés de mains.

    NB: Le saviez-vous? Un client SNCF sur 6 utilise les TGV, 5 usagers sur 6 empruntent un TER ou un inter-cité. Cherchez l'erreur d'investissement pour résoudre les problèmes de mobilité du rail en ces temps de transition énergétique.

      Bonne journée à toutes et tous.


  • Commentaires

    1
    Vendredi 9 Novembre 2018 à 12:09

    Ah cette pauvre SNCF, qu'est ce qu'elle se prend dans la tête sans arrêt alors que tous les dysfonctionnements ne lui incombent pas. Il est vrai que Réseau SNCF devrait se pencher et rapidement sur certaines voies complètement en désuétude.

    2
    Vendredi 9 Novembre 2018 à 16:18

    Bonjour !

    Je crois qu'en la matière je suis assez : "cachez ce rail rouillé que je ne saurais voir...".

    Je me concentre sur les buddléias qui borde les chemins de fer !

    Mais votre texte est juste, si juste hélas...

    Bon week-end,

    Geontran.

    3
    Vendredi 9 Novembre 2018 à 17:07
    francinea

    Bonjour, tu as oublié de parler des trains de banlieue, rien n'est  fait non plus pour nous pauvres banlieusards, le tgv est roi, pas le client, imagines que pour aller chez moi à Longwy il faut passer par Luxembourg; si tu ne veux pas prendre le tgv, tu as de l'attente, ou bien le bus, et ça rallonge grandement le trajet; ça  me décourage d'y aller; la sncf n'a même pas été foutue de faire un arrêt à Longwy, qui  sur le trajet  de l'ancienne ligne vers Luxembourg était  sur le trajet;  vive  le progrès !  je te souhaite une bonne journée, bisous

    4
    Vendredi 9 Novembre 2018 à 18:32

    je confirme tout ça étant un ancien "cheminot" comme on dit

    5
    Vendredi 9 Novembre 2018 à 18:40

    Bonsoir voilà un article qui en dit loin et très intéressant j'aime beaucoup la dernière photo elle est vraiment très belle bonne soirée bisou Claudine Daniel

    6
    Samedi 10 Novembre 2018 à 18:10

    Cela a beaucoup changé. Mon père était cheminot et il n'y avait pas intérêt à avoir une minute de retard !

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