• Yolande

    Yolande

    Depuis maintenant plus de 20 ans Yolande est à la plage. Quelle chance me direz-vous!…Hélas à la plage réservée aux chiens jour et nuit, par tous les temps et en toutes saisons. Sous un parasol aux baleines rouillées, écornées et tissus élimé en pleine canicule l’été, sous une toile de plastique translucide et embuée les journées monotones de pluie l’automne, emmitouflée dans un manteau défraîchi à grelotter dans son igloo les longues nuits d’hiver. Et chaque printemps le renouveau et l’espoir que la situation s’améliore.

    Yolande

    Yolande est incroyable. Elle affronte toutes ses difficultés avec un stoïcisme indéfectible. Se laver sous une douche glacée en décembre pour rester propre ne lui fait pas peur, car même sans domicile elle tient à son hygiène corporelle pour rester coquette. Chasser un rat à quatre heures du matin chaque nuit qui tente de s’incruster sous ses 2 mètres carrés de galets d’infortune pour lui dérober quelques miettes de journaux « Nice matin » à défaut de miettes de pain est son lot quotidien. Ce même rat l’observe parfois au cœur de la nuit de ses prunelles qui reluisent au clair de lune tels des yeux de chat dans le noir. Ces deux lucioles semblent tombées du firmament des étoiles glacées de l’hiver avant de s’évanouirent sous le pont de l’Union dans la toute proche embouchure du fleuve côtier le Gorbio.

    Yolande

    Le recyclage au plus près elle connait mieux que quiconque. Les pages encrées de « Nice Matin » qu’elle lit au quotidien chaque matin lui servent le soir de matelas. La lampe de poche à leds est utilisée avec parcimonie la nuit quand un danger surgit. Les repas frugaux majoritairement froids même au cœur de l’hiver ne la rebutent pas. Un ou deux fruits chaque jour lui assurent les vitamines nécessaires pour le maintient de sa santé. Dans la couche géologique de l’humanité, Yolande est située au strate inférieur à celui des « gilets jaunes » et au strate supérieur des immigrés clandestins. Pour améliorer sa condition humaine, elle ne manifeste pas chaque samedi depuis un an comme les « jaunes » . Elle ne se cache pas comme les migrants clandestins qui ont fuit la guerre et les oppressions de la grande misère. Reléguée à l’entrée de Menton sur la plage aux chiens depuis plus de vingt ans, Yolande généralement assise sous le dôme de son igloo s’accroche à son littoral marin en contemplant la mer et méditant sur sa liberté chèrement payée. A 75 ans Yolande est formidable et bouscule mon admiration.

    Yolande 


  • Commentaires

    1
    Lundi 18 Novembre 2019 à 18:52

    Est-ce un choix, une triste nécessité...? A méditer pour les gens qui jettent , qui changent, qui consomment...

      • Lundi 18 Novembre 2019 à 21:19

        Un choix? je ne sais pas. Une nécessité? ... Elle ne m'a jamais confié ses secrets d'avant cette situation. 

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    2
    Caroline
    Lundi 18 Novembre 2019 à 21:17

    Très belle article papa,plein d'humanité et de vérité.Comment as-tu su son nom? Tu lui a parlé? Gros bisous

      • Lundi 18 Novembre 2019 à 21:30

        Nous avons sympathisé depuis bien longtemps. C'est une femme qui mérite le respect.

    3
    Lundi 18 Novembre 2019 à 23:52
    Alors qu'on se plaint sans arrêt, cette dame mérite notre considération..
    4
    Mardi 19 Novembre 2019 à 18:55

    Bonsoir et bien je dis bravo à cette dame pour son merveilleux courage beaucoup de respects pour cette femme qui le mérite bonne soirée bisou Claudine Daniel

    5
    Mercredi 20 Novembre 2019 à 17:58
    Francinea

    Bonjour, ont s'apitoie sur le sort des migrants qui nous envahissent, mais pas pour tous ces sans-abris; les étrangers ont droit à des soins; pas nos sdf, on ne leur trouve pas un toit, aucune association ne s'occupe d'eux autant que des migrants; bonne soirée, bisous

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