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Le moulin du Verger
Il est des coins de France non encore violés par les rudes progrès de notre civilisation industrielle marchande mondialisée . En Charente , le moulin du verger de Puymoyen fait partie de ceux-là .
Ici la lumière divine d'un progrès quelque peu encore maitrisé est née lors de l’ordonnance de Villers-Cotterêts . En effet le 6 septembre de l’an 1539 le roi Francois 1er décide le Français comme langue officielle du droit et de l’administration , en lieu et place du latin . Quatre cent soixante quinze ans plus tard cette ordonnance est toujours applicable . La fin programmée des « patois » qui ont réussi à agoniser jusqu’au 20ème siècle est la conséquence de la signature de cette ordonnance . Elle rend également obligatoire la tenue des registres des baptêmes . L’écrit va ainsi se vulgariser et prendre petit à petit une ampleur considérable .
Or ceci exige de fabriquer du papier , de plus en plus de papier . Donc en 1539 deux charentais décident de se lancer officieusement dans la fabrication de pâte cellulosique à base de récupération de chiffons . Pour ne pas froisser le proche puissant clergé d’Angoulême , un premier moulin déclaré pour production de farine est construit en ce lieu . Bien entendu il ne produira jamais un gramme de farine ! …Comme naturellement à cette époque , les arbres fruitiers étaient légion dans chaque villages et lieux-dits et qu’un verger se situait à proximité , il fut baptisé « moulin du verger » .
Ce premier ouvrage sur un bief rive droite de la vallée du ruisseau des eaux claires produira du papier jusqu’en 1635 , date à laquelle il fut reconstruit quelques mètres en amont par un marchand papetier hollandais « Eric Jansen » . Au dessus du moulin , une maison de maître existe toujours . Un séchoir de 150 m2 brûlé au 18 siècle surplombait l’édifice . Fut alors accolé à la bâtisse un nouveau séchoir de 72 mètres de long et de 450 m2 .Ce fut l’un des plus importants bâtiments industriels de l’époque Angoumois .
Pendant plus de quatre siècles , chaque jour dès l'aube et jusqu’à la tombée de la nuit , des générations d’hommes et de femmes , petites mains ouvrières , ont œuvré dans les salles voûtées , et dans les étendoirs .
Ce moulin , doté d’une turbine de 12 Cv insérée dans une chute de 7 mètres (3 roues avant cet équipement ) , fonctionne encore aujourd’hui . On y fabrique toujours manuellement et selon les mêmes méthodes ancestrales des papiers à usage graphique . Certains sont imprimés sur place en typographie .
Pour cela on y utilise toujours une presse à pédale ancienne ainsi qu’une presse à encrage manuelle . Depuis plus de 20 ans la fabrication s’est orientée vers les fac-similés de papiers anciens et de la restauration d'ouvrages datant du XIV au XIX ème .
Ce moulin , notamment le séchoir , possède véritablement une âme et c’est ce qui a incité Monsieur Brejoux l’actuel propriétaire à y pérenniser depuis plus de 40 ans l’activité d'origine .
Si vous passez un jour part là , n’hésitez pas à vous tremper une heure ou deux dans ce temple de papiers fabrications à l'ancienne , pour écrits royaux puis républicains .
Bon mardi 15 octobre 2013
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Commentaires
Voilà une machine comme je les aime. Comme les locomotives, elle a quelque chose de vivant cette machine là. Elle a un moteur qui est activé d'une source naturelle. Ca respire le vivant. Bonne soirée. Yves
C'est surement courageux à notre époque, mais l'atmosphère de ce moulin fait du bien!
et...ta dernière photo participe à ce calme !
bonjour le canard... c est super qu ils aient trouvé un créneau pour survivre... il n y en a pas tant hélas... bisous
Bonsoir. Ironie du sort ou alors merveilleuse coencidence Mon adresse est "chemin de la papeterie " et il y a bien une papeterie mais hélas qui ne fonctionne plus .D'ailleurs prochainement je vais lui consacrer un article et tu verras l'étrange ressemblance avec la tienne Bonne soirée
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la dernière est une petite merveille..j'adore ces papiers artisanaux.merci