• Diverticule de Zenker (acte 5) et fin

    Après deux semaines en établissement clinical, vermoulu comme vieux champignons sur souche, me voilà allongé (pour combien de temps?) sur un lit d’hôpital public dans une chambre partagée avec un compagnon d'infortune encore plus amoché que moi. Il gémit inlassablement et pousse de temps en temps des grands cris de douleur. Un mince rideau pisseux en toile caoutchoutée translucide sépare nos lits. Comme moi, il est branché sur une multitude de poches reliées à la perfusion par un labyrinthe de tuyauteries transparentes. Nous sommes à la veille des fêtes de fin décembre et donc notre arbre de Noël d'hôpital nous suit en laisse à chacun de nos mouvements et déplacements.

    Pour ma part je suis équipé de 5 bouteiles et poches sur deux « pousses seringues » qui chantent en alarme dès qu'un tuyaux se bouche ou qu'une poche est vide et qu'il faut remplacer. J'ai l'impression d'être sur un chantier de travaux public en compagnie d'un tractopelle qui signale son recul. Chaque nuit vers 2 ou 3 heures mon compagnon d'infortune sonne pour le « bassin ». Les braves infirmières ou aides soignantes interviennent fidèlement pour soulager le brave homme qui souffre bruyamment et ouvertement. Vers 5 ou 6 heures du matin, le seul moment où l'on s’endort, c'est le réveil obligatoire pour prise de température, tension, taux d'oxygène et sucre dans le sang sans oublier pour ma pomme une prise de sang un matin sur deux pour pister une éventuelle sournoise infection.

    Les journées monotones se succèdent semblables aux précédentes, c'est à dire que je suis toujours au régime sans nourriture et boisson par voie buccale. De temps en temps trois corbeaux ORL au plumage blouse blanche viennent me voir et explorer ma gorge par caméra éclairante en chatouillis nasal. Enfin le 21 décembre une lueur d'espoir s'allume. Mon arbre de Noël s’allège du poids des 2 poches de nourritures par perfusion qui me démolissent les bras . Mais les bouteilles renversées d'eau sucrées et liquide antibiotique demeurent en infusion forcée par tuyauterie .

    Je vais enfin tenter de boire et manger par la bouche. Oh ! nourritures terrestres comme je me languis de vous retrouver . Ce soir sous étroite surveillance de l'infirmière de service j'absorbe enfin un demi verre d'eau de Vichy Célestin . Il paraît que les bulles de gaz permettent de mieux contrôler la descente . Essais concluant. Un premier petit pot de compote m'est accordé. J'en apprécie jusqu'à la quintessence du parfum de la pomme qui la compose. Demain j'aurai droit à un vrai petit repas de roi.

    Le 24 décembre, j'ai la visite de ma fille et petite fille programmée. Un rayon de soleil dans ce tunnel de noirceur m’apparaît. Ma petite fille m'offre un dessin de sa main qui me fait pleurer de joie. Le plus beau cadeau de tous mes Noëls. La fin de l'année approche à vive allure et mes repas de St sylvestre et de nouvel an sont royaux. Le deux janvier je suis enfin débarrassé de la dernière perfusion qui m'a éclaté une veine du bras gauche.. Le trois janvier une ambulance me délivre de cet univers de douleurs. et me ramène à la maison. Je vais enfin pouvoir remonter doucement la pente de la convalescence. Merci aux infirmières et autres personnels qui m'ont soigné avec beaucoup de bienveillance.

    Bonne journée à toutes et tous.

     

     


  • Commentaires

    1
    Jeudi 18 Janvier à 17:46

    Tu le tracontes bien et avec une pointe d'humour, mais c'est une galère, l"hopital, même si le personnel soignant est gentil.  Ce n"est pas un monde humain.

    Remonte doucement la pente et laisse tout cela derrière toi !

    2
    Jeudi 18 Janvier à 20:21

    je dois avouer que je me suis inquiétée pour toi et je suis bien heureuse de te savoir enfin rentré chez toi

    mais pas d'imprudence, n'en fais pas trop, patience ! lorsque le printemps sera là ça ira beaucoup mieux

    bonne soirée bisous à tous les deux Cathline

     

    3
    Vendredi 19 Janvier à 16:23

    C'est si moche l’hôpital , heureusement te voilà de retour sur la terre ferme.. j'espère que tu vas aller de mieux en mieux

     

    4
    Mercredi 24 Janvier à 09:43
    francinea

    Bonjour, vive les chambres d'hôpital à plusieurs, ils ne pouvaient pas lui donner des anti douleurs ? Te voilà enfin sorti de cette galère, j'espère que tu vas mieux; je te souhaite une bonne année 2024, plus calme; bisous

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