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La vallée des rouets
Les bouchers, charcutiers, cuisiniers sont des métiers qui utilisent quotidiennement un outil tranchant, le couteau. Or pour fabriquer cet outil, Thiers est la ville par excellence spécialisée pour réaliser un tel instrument de découpe.
Dès le moyen-âge, selon la légende, les croisés auvergnats de retour de la 1ères croisade, (1096-1099) auraient ramené d'orient un secret de fabrication. Mais ceci n'est qu'une légende.
La réalité de la coutellerie Thiersnoise remonte au 14 ème siècle. Son essors devient florissant au 16 ème siècle. À cette époque, Thiers exporte ses produits en Espagne, aux Pays -Bas, et Lombardie. Au 19ème siècle la coutellerie s'industrialise et la production explose. En 1855, l'activité coutelière occupe 25000 personnes sur le bassin de Thiers.
Ainsi, depuis plus de 600 ans des artisans couteliers se sont échinés, pour fabriquer cet outil indispensable aux métiers de bouches. Aujourd’hui encore Thiers représente 70% de la production française de couteaux.
L'étroite vallée de la rivière La Durolle a permis ce miracle de production car de l'énergie en artisanat comme en industrie, il en fallait énormément.
La vallée des Rouets ( noms donnés aux moulins à émoudre les couteaux) était alors le haut lieu de travail de l'émouture manuelle. L'arrivée de la fée l'électricité bouleversa ce monde qui semblait immuable depuis 500 ans.
Dès 1930, les premiers rouets ferment leurs portes. Ils ne servent plus à grand chose. Et c'est tant mieux, car ici, des générations d'hommes et même d'enfants étaient allongés à longueur de journée à plat ventre sur une planche de bois au-dessus d'une meule, pour émoudre les lames d'acier. Voir ici en cliquant sur le lien: https://www.coutebox.com/Files/18998/Img/12/Thiers-emouleurs.jpg
L'activité devenue industrielle se concentre ensuite tout en bas de la vallée de la Durolle , surnommée le creux de l’enfer. Preuve des dures conditions de travail sur cette période glorieuse pour une poignée de dirigeants et malheureuse pour un grand nombre de bras qui n'ont que leur force musculaire à donner. Puis la mondialisation s'est emparée de cette manne providentielle. La concurrence asiatique fait rage. Les délocalisations s'emplifient. Les petites mains se sont déplacées vers l'empire du milieu. Seule subsistent aujourd'hui, la coutellerie de luxe qui fait vivre en 2020 , 300 fabricants ou artisans et un milliers d'emplois.
À Thiers le monde florissant des couteliers s'est endormi mais résiste encore sur le secteur du luxe. La basse vallée de La Durolle n'est plus qu'une friche industrielle. La haute vallée artisanale de La Durolle n'est plus qu'un musée à ciel ouvert.
Bon week-end à toutes et tous.
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Commentaires
2LABORDE MarieDimanche 12 Mars 2023 à 00:34Bonsoir Michel, merci pour ce partage enrichissant, avec des belles photos d'un passé ancestral florissant jadis, souvenir actuellement. pas tout à fait éteint fort heureusement. Il nous reste si peu de choses dans notre pays !!! Bon weekend, belle nuit et bises de Marie.
Bonjour, je ne connaissais pas ce genre de moulins, en effet ça ne devait pas être facile; la Chine nous cause beaucoup de tort, pour une qualité bien moindre; un exemple, leur marque de vêtement Shein, qui cause à mon avis la fermeture en cascade de nos marques; c'est pas cher mais de très mauvaise qualité; le luxe est une chose qui marche bien en France, je te souhaite un bon week end, bisous
Bonjour mais que des magnifiques photos souvenirs c'est vraiment un joli partage bonne journée Claudine Daniel
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le modernisme a eu raison de tout, j'ai visité Thiers mais je découvre ce musée en pleine nature, témoin d'un passé nostalgique