• Dans le jardin abandonné de ma voisine, cet été un chardon Marie s'est invité. De la famille des Astéracées et unique représentant du genre Silybum cette plante fort épineuse est un miracle de beauté que l'on ne peut toucher, de pas trop près, qu'avec les yeux . Elle affectionne particulièrement les sols acides, secs et ensoleillés. Fréquente sur le pourtour méditerranéen, en France, on ne la rencontre que très rarement au nord de la Loire.


    Robuste et de belle envergure, les nervures blanches de ses feuilles sont à l'avers comme maculées de lait. Les capitules apparaissent à la fin du printemps et la floraison s'étale de mai à août. Plante médicinale par excellence, ses graines contiennent des lipides, des Silymarines, des dérivés phénoliques, des mucilages, tocophérols et stérols. Les grecs connaissaient déjà les propriétés du chardon marie pour traiter les troubles hépatiques et biliaires. Pline l'Ancien dans sa célèbre encyclopédie "Histoire Naturelle" conseillait de mélanger le jus de la plante à du miel pour limiter les excès de bile.

    Le qualificatif Marianum est lié à la Vierge Marie. Selon la légende Marie voyageant de Judée en Égypte, pour échapper à Hérode, aurait caché l'Enfant Jésus sous un bosquet de chardons, où elle lui aurait donné le sein. Quelques gouttes de son lait seraient tombées sur les feuilles, d'où les nervures blanches caractéristiques à cette espèce de chardon.

     

    L'été est déjà loin, l'unique pied de chardon Marie de ma voisine n'est plus là. Il a été détruit lors du « nettoyage » d'automne de ce jardin abandonné, sous les coups de butoirs d'une bruyante débroussailleuse à moteur thermique. Dommage ce beau chardon servait d'habitat à une araignée crabe redoutable caméléon chasseuse d'insectes butineurs, maillon d'équilibre du grand monde mystérieux des insectes.

    Bon premier week-end de décembre 2019 à toutes et tous.


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  • Episode méditerranéen

    Les océans, les mers, les rivières et les fleuves sont les biens communs des hommes, des animaux et des végétaux. Nous ne sommes ni les propriétaires , ni les locataires de ces biens . L’estran du trait de côte par exemple, c’est les océans et les mers qui en sont les dépositaires. Les lits majeurs des fleuves et des rivières ne sont pas nos domaines réservés pour y bâtir à tout va; Quant aux lits mineurs, ils appartiennent principalement aux poissons et  aux êtres aquatiques. Tous ces territoires précités nous devons leur laisser libre cours de vie. Y porter atteinte en les salissant  par nos déchets chimiques et plastiques, et en y ajoutant nos constructions diverses est un crime qui se retournera tôt ou tard contre nous.

    Episode méditerranéen

    L'épisode pluvieux méditerranéen de la semaine dernière est une  énième sonnette d’alarme pour nous le rappeler. Notre conscience collective va devoir évoluer. Ces 10 dernières années, Gaïa nous a lancé bon nombre d’avertissements et attend maintenant une réaction positive de notre part en retour. Ou bien nous allons devoir collaborer avec elle et tout ira un peu mieux pour nous, ou bien nous persistons à vivre selon notre modèle de société actuelle, et tout finira très mal pour nos matricules.

    Episode méditerranéen

    C’est comme poser une casserole contenant du lait sur le feu. Les premières minutes tout est normal, le lait se réchauffe lentement sans aucun indice de réaction. Puis au-delà d’un certain temps d‘élévation de température, des bulles apparaissent, et brutalement le lait bouillant monte et déborde.  Nous sommes parvenus au stade du début de débordement du lait dans la marmite. Les 10 années qui viennent correspondront à la monté rapide. Il est urgent d’éteindre le gaz de nos sottises sous la casserole si nous souhaitons boire le doux lait de vie que la création nous a accordé.

    Episode méditerranéen  Bonne semaine à toutes et tous 


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    Je suis originaire d’Amérique du sud. On me surnomme Fromager et aussi vue la forme de mon tronc arbre bouteille. Les hommes me considérant comme simple produit et objet de décoration ils m’ont forcé à quitter ma terre natale où j’avais grandi avec joie. Déraciné et replanté en terre lointaine, me voilà aujourd’hui à couler mes vieux jours sur la plage des « sablettes » à Menton, les pieds sous un plancher à la mode Merlin Pinpin de mes cousins bois exotiques et ma tête à contempler l’été des milliers de lézards touristiques allongés sur une serviette de bain.

    Originaire d’Amérique du sud, je suis actuellement l’unique  espèce reconnue du genre Chorisia. Mon climat préféré est de type tropical. Des températures de 20° à 25° en milieu humide me sont idéales. Hélas à Menton en ce mois de novembre 2019 il fait une dizaine de degrés la nuit et 14° à 15° le jour et il pleut abondamment des eaux à 9°. Je souffre en silence car dans mon pays d’origine en décembre c’est l’été la saison chaude et humide. Et la saison fraîche et sèche en juin d’ici. Je souhaite vivement ici bas, le retour du printemps plus conforme à mes souhaits de vie. Hélas, comme un lion en cage dans un cirque ambulant, les hommes n’ont que faire de ma déshérence, seul le plaisir d’admirer mon tronc ventru sous climat méditerranéen compte pour eux.

    Mes feuilles caduques 5 à 7 lobes d’environ 15 centimètres de long tombent pendant la saison sèche. Je ne devrais donc actuellement plus avoir de feuillage puisqu’ici c’est la saison fraîche. Déboussolé par toutes ces pluies de novembre je les ai gardées et même je commence à refleurir. Mes fleurs jaunes devraient apparaître en fin de saison sèche et dépourvu de tout feuillage. Je ne sais plus en quelle saison je vis. Comme une panthère en cage sous un chapiteau de cirque, je souffre, mais le plaisir des hommes est plus fort que mon respect de vie. Frères des hommes, les végétaux ne sont plus à leurs yeux que des biens mobiliers ou de décoration sans aucune considération d’être vivant.

    Vais-je réussir à m’adapter ici? Peut-être, car le dérèglement climatique qui ne joue pas en la faveur de ceux qui m’ont déraciné, pourrait m’être favorable. Hommes continuez à injecter des gaz à effet de serre, vous m’aiderez ainsi à pérenniser mes descendants aux « Sablettes de Menton » , si je parviens à donner mes poires renfermant des graines cotonneuses de vie.  

     

         

     

      

     


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  • Yolande

    Depuis maintenant plus de 20 ans Yolande est à la plage. Quelle chance me direz-vous!…Hélas à la plage réservée aux chiens jour et nuit, par tous les temps et en toutes saisons. Sous un parasol aux baleines rouillées, écornées et tissus élimé en pleine canicule l’été, sous une toile de plastique translucide et embuée les journées monotones de pluie l’automne, emmitouflée dans un manteau défraîchi à grelotter dans son igloo les longues nuits d’hiver. Et chaque printemps le renouveau et l’espoir que la situation s’améliore.

    Yolande

    Yolande est incroyable. Elle affronte toutes ses difficultés avec un stoïcisme indéfectible. Se laver sous une douche glacée en décembre pour rester propre ne lui fait pas peur, car même sans domicile elle tient à son hygiène corporelle pour rester coquette. Chasser un rat à quatre heures du matin chaque nuit qui tente de s’incruster sous ses 2 mètres carrés de galets d’infortune pour lui dérober quelques miettes de journaux « Nice matin » à défaut de miettes de pain est son lot quotidien. Ce même rat l’observe parfois au cœur de la nuit de ses prunelles qui reluisent au clair de lune tels des yeux de chat dans le noir. Ces deux lucioles semblent tombées du firmament des étoiles glacées de l’hiver avant de s’évanouirent sous le pont de l’Union dans la toute proche embouchure du fleuve côtier le Gorbio.

    Yolande

    Le recyclage au plus près elle connait mieux que quiconque. Les pages encrées de « Nice Matin » qu’elle lit au quotidien chaque matin lui servent le soir de matelas. La lampe de poche à leds est utilisée avec parcimonie la nuit quand un danger surgit. Les repas frugaux majoritairement froids même au cœur de l’hiver ne la rebutent pas. Un ou deux fruits chaque jour lui assurent les vitamines nécessaires pour le maintient de sa santé. Dans la couche géologique de l’humanité, Yolande est située au strate inférieur à celui des « gilets jaunes » et au strate supérieur des immigrés clandestins. Pour améliorer sa condition humaine, elle ne manifeste pas chaque samedi depuis un an comme les « jaunes » . Elle ne se cache pas comme les migrants clandestins qui ont fuit la guerre et les oppressions de la grande misère. Reléguée à l’entrée de Menton sur la plage aux chiens depuis plus de vingt ans, Yolande généralement assise sous le dôme de son igloo s’accroche à son littoral marin en contemplant la mer et méditant sur sa liberté chèrement payée. A 75 ans Yolande est formidable et bouscule mon admiration.

    Yolande 


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  • Balzi Rossi

    La puissance des vagues qui s’écrasent sur les rochers n’a d’égale que la beauté du rivage associé. Phénomène surprenant, pas un souffle de vent balaye les lieux. En ce mois de novembre, la petite plage de Balzi Rossi sertie dans un écrin de dolomite  est un charmant paradis à deux pas de Menton.

    Balzi Rossi

    Le tourisme de masse d’été avide de chaleur étouffante a déserté la grève. Les canicules ont cédé la place à de fraîches températures automnales. Ce n’est que mieux pour apprécier la plénitude de cette côte italienne qui trempe ses pieds en méditerranée.

    Balzi Rossi

    Balzi Rossi, c’est aussi un endroit marqué d’une empreinte paléolithique humaine très ancienne. Une quinzaine de cavités, d’excavations et de grottes dissimulées dans l’impressionnante falaise ont dévoilé leurs secrets d’histoire préhistorique durant le 19ème et 20ème siècle. La percée de la voie du chemin de fer littoral reliant Nice à Vintimille et la dernière guerre ont quelque peu bousculé cette voie romaine, la via Julia Augusta. Novembre est le mois idéal pour jouir en toute tranquillité de ce lieu frontalier entre la France et l’Italie.

    Balzi Rossi Bon week-end à toutes et tous.     

     


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